Un jour, une Femme: Eléanor Parker

Publié le par sar

Elle a du sang portugais, paumutu, britannique dans les veines. Le visage toujours souriant encadré d'une chevelure abondante, elle s'exprime toujours à coeur ouvert; la fille de madame Jones, et arrière petite fille de monsieur Parker, se décrit ainsi: "Je suis un mélange, donc je suis Polynésienne". Elle s'appelle Eléanor Parker, elle était représentante des TUAMOTU OUEST et aujourd'hui, Eléanor Parker est colistière de To tatou ai'a pour les Iles du Vent.
 
Parlez-nous de votre parcours.

J
e suis une enfant de Takaroa et je suis venue à Tahiti pour poursuivre mes études, d'abord à l'école primaire de l'église Mormone , puis à Gauguin et j'ai terminé mes études au lycée technique Taaone. J'ai reçu une éducation très religieuse et jusqu'à présent, la foi que j'ai en Dieu m'accompagne dans toutes mes actions.

J'ai beaucoup voyagé, je peignais des tableaux avec Louis Juventin, et la vente de ces tableaux qui ont été exposés à la mairie de Papeete à l'époque, m'a permis d'aller en Nouvelle Calédonie où je suis restée un an. Pendant les vacances, j'allais aussi à RAROTOA... je peignais un peu de tout, du naîf, des portraits.

Puis j'ai commencé à travailler à la Socredo; par la suite j'ai rencontré mon mari qui est Antillais. Je l'ai suivi à la Martinique où j'ai vécu 10 ans.

Tous ces voyages m'ont apporté une ouverture sur le monde, m'ont inculqué la valeur essentielle de la tolérance, et aussi, j'ai pu apprécier d'autant plus mon pays. Les cultures, les mentalités, sont bien différentes d'une île à l'autre. Je me suis rapidement intégré aux Antilles, la recette est simple: je respectais les gens, leurs cultures.

Qu'est-ce qui a motivé votre ralliement à To Tatou Ai'a?

C'
est simple: l'homme, Gaston Tong Sang.
Je ne le connaissais pas, avant. Je l'ai connu pendant mon mandat. Le fait qu'il m'ait adopté dans le club Raromatai... ça veut dire beaucoup pour moi. Sa façon de travailler est sérieuse, respectueuse: toutes les fois où il y avait une séance, Gaston Tong Sang organisait une rencontre pour discuter des problèmes de Raromatai. Cet homme m'a apporté des repaires, un apprentissage politique, mais surtout, ce que j'apprécie chez lui, c'est son esprit de famille.

Tu sais, beaucoup de personnes ont enrichi mon expérience politique et de représentante à l'assemblée. Armelle Merceron, par exemple, m'a beaucoup appris en méthodologie, elle a de grandes qualités au niveau technique dans l'étude des dossiers. Je ne nierai jamais, non  plus, ce que j'ai appris auprès de Gaston Flosse. Ce n'est pas parce que nous ne sommes plus dans le même parti, que je ne dois pas reconnaître leurs qualités humaines ou techniques.

Tout cela fait partie de mon expérience de femme politique. J'ai mes mentors, ces personnes qui m'apportent beaucoup: Jean-Christophe Bouissou, par exemple, m'a aussi beaucoup aidée, pour l'expression en langue tahitienne, il m'a dit "tu te perfectionneras dans les tournées" et il avait raison; aujourd'hui je suis plus à l'aise...

Vous êtes une vraie "businesswoman", vous dirigez votre propre ferme perlière, aussi une pension de famille: quelles sont les épreuves à surmonter quand on est femme et qu'on veut monter sa propre entreprise?

A
ux Antilles, j'avais un restaurant... le Moana Nui à Trinité, oui, c'était un restaurant où je faisais "ma" cuisine, aux parfums d'ici. Je peux dire que j'ai fait connaître le ma'a tahiti à la Martinique.

A mon retour, la perliculture était en "vogue". Je me suis lancée, comme ça, sans  connaître quoi que ce soit et j'ai d'abord appris à greffer avec Fernand et Potii Faura. Ensuite, j'ai mis en place ma structure, seule et sans subventions ou aides. C'est la volonté, le courage, et l'ambition qui rendent tout possible, autant pour les femmes que pour les hommes.

Lorsqu'on est mère, on voit le monde autrement: je voulais m'assurer que mes enfants ne manqueraient jamais de rien dans la vie. Je leur faisais aussi l'école comme nous vivions dans les îles, ce n'est pas toujours évident.

J'ai aussi monté une pension de famille à Takaroa: ça s'est fait tout naturellement, nous avions beaucoup d'amis qui nous rendaient visite... alors je me suis dit "pourquoi pas".

J'ai presque touché à tout: le coprah, la plongée, la greffe, j'aime m'imprégner de ce qui touche à mon pays, la culture sociale, les matières premières. Je n'ai toujours compté que sur moi et sur personne d'autre, je suis très exigente avec moi-même.

Aussi, je dois dire que je suis très croyante, ma foi en Dieu m'accompagne dans tous mes faits et gestes. Ce respect que j'ai pour les autres êtres humains m'a beaucoup aidé, il faut rester centrée sur les objectifs.

Je me suis toujours demandé, pourquoi je ne m'étais pas contentée d'un poste à la Socredo, pourquoi retourner à Takaroa? j'aime les défits...

En quoi votre vie de femme a-t-elle changé depuis que vous vous investissez en politique?

C'
est un changement radical. Au départ je me suis remise en question, et puis mes enfants me voyaient moins, c'était difficile pour eux. Ils souhaitaient même que j'abandonne, à cause de l'instabilité, oui, je pense que ma vie de mère a beaucoup changé. Il faut être sur le terrain, il y a les tournées. On apprend beaucoup sur le tas, il faut toujours accepter la différence, les opinions des autres même si ce ne sont pas les tiennes. Mes enfants se sont adaptés, et moi aussi. C'est une question d'organisation.

Selon vous, qu'est-ce qu'une Polynésienne aujourd'hui?

U
ne Polynésienne, c'est un être mélangé de cultures et d'ethnies, c'est une femme forte, qui décide; elle est ouverte sur le monde.
Elle agit toujours par rapport à ses enfants, à sa tribu.

Quelle est la plus importante richesse de la Polynésie française, quel est son point faible?

L
a jeunesse & la jeunesse.

Nos jeunes ont un fort potentiel en eux, c'est indéniable. Ils sont cependant très maléables à la société de consommation... ce que je veux dire par là, c'est qu'il y a vraiment une différence entre nos générations. Lorsque j'étais "plus jeune", il y avait des valeurs très fortes, comme celle du travail, la société de consommation n'était pas autant envahissante. Je me souviens de l'éducation civique qui transmettait le respect des autres, le respect de soi. On devait être vêtu impeccablement pour aller en classe... on constate aujourd'hui, une sorte de démission de certains parents qui relèguent tout à l'éducation nationale. Bien sûr, il ne faut pas généraliser.

Mais pour que le potentiel de nos Jeunes ne soient pas gaspillé, nous devons leur transmettre la responsabilisation, l'émancipation sociale.

Quelle est la mesure du programme de To Tatou Ai'a qui vous tient le plus à coeur, pourquoi?

L
e contrat de projet est le socle de notre programme. Les communes, et l'assainissement des Eaux, c'est aussi un volet très important du programme.

Notre programme vu dans son ensemble est un puzzle où il ne manque aucune pièce: chaque mesure est importante et a une répercussion dans le circuit social et économique. Le noyau central du programme de To Tatou ai'a, c'est véritablement le foyer familial, qui à plus grand échelon, incarne la société.

Vous représentiez les TUAMOTU OUEST, vous êtes originaire de TAKAROA. D'après vous comment peut-on améliorer les conditions de vie des femmes des archipels éloignés?

J
e constate qu'il y a eu une détérioration du traitement de l'Hygiène et de la Santé dans les îles, du moins dans les Tuamotu Ouest. Parfois, la simple mise en place d'une petite infirmerie devient toute une histoire et ne peut se faire.

De ce côté là, des formations en Santé et Hygiènes sur place seraient les bienvenues, ainsi que de motiver les jeunes femmes des îles dans le lancement d'entreprises, la prise d'initiatives. Elles ont tellement de force et de potentiel en elles, elles sont généralement mère très jeunes...

Votre coeur balance entre Tahiti et les iles? Que pensez-vous de la décentralisation et que propose le programme de To Tatou Ai'a qui serait en faveur des archipels?

O
ui, (sans hésitation) mon coeur balance entre Takaroa et Tahiti.
Je suis pour la décentralisation, uniquement si elle est bien accompagnée.

En ce qui concerne les mesures en faveur des archipels: l'allègement du coût du frêt pour les matériaux de construction à destination des îles, c'est une excellente mesure!

Aussi je pense à l'aménagement de villages touristiques de détente et loisirs: ça permettra d'étendre les activités des îles éloignées, ça créera de l'emploi et puis,  ça donne l'esprit d'initiative...

Le programme est bien pensé: des contrats de développements spécifiques à chaque archipel, en partenariat avec les Maires, le Pays et l'Etat, la création de zones franches fiscales pour motiver l'installation des entreprises...

Lorsque Gaston Flosse affirme qu'il ne peut y avoir de stabilité avec Gaston Tong Sang, que répondez-vous?

F
aux, complètement faux. On l'a vu pendant 8 mois: Même avec des personnes qu'on traitait de "girouettes", le pays a connu la stabilité.

Si demain, les élections sont largement en faveur de To Tatou Ai'a, sur quel dossier plancherez-vous en premier?

L
a condition de la Jeunesse: le développement des structures sportives et de loisirs et la prévention des drogues, le traitement de la toxicomanie.

Le logement: le fare représente la sécurité, la dignité de la famille. Il est essentiel d'oeuvrer dans l'amélioration de ce domaine.

Si demain, aucune majorité forte ne ressort de ces élections, pensez-vous que les autonomistes trouveront un terrain d'entente? Ou qu'un retour à la situation actuelle est prévisible?

J
e pense que certaines personnes du Tahoera'a sont assez censées et aiment leur pays. Je pense qu'elles ou ils feront la part des choses. Lors de la dernière motion de censure, on pourra dire tout ce qu'on voudra, mais certains d'entre eux étaient mal à l'aise. Je garde à l'esprit que le militantisme est de suivre les consignes, c'est vrai. Mais nous devons tous nous soucier de l'avenir de notre pays: n'est-ce pas là primordial?

Question de Société: Comment favoriser l'intégration sociale des jeunes des archipels qui viennent à Tahiti pour le cursus scolaire?

1-
Mettre en place une structure d'accueil, un centre d'accueil, et de bons logements. Dans les foyers, il n'y a pas tout le temps de suivi.

2- Faciliter leur retour;

3- Si leur scolarité est un échec, les orienter dans des domaines où ils pourront être utiles à leurs îles, les motiver dans la création d'entreprise, qu'ils aient l'audace et l'envie de réussir.

En quelques mots, pourquoi doit-on voter To tatou ai'a dimanche 10 février?

C'
est tout simple: il faut voter To Tatou Ai'a, parce que c'est le CAP (confiance, avenir et paix!) vers la stabilité...
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